Les fleurs du bord de mer : les pionnières de la vie végétale.

Les plantes du bord de mer, parures des rivages balayés par les vents et les flots, offrent au promeneur l’éclat d’une floraison d’autant plus remarquable que ce milieu est assez inhospitalier pour la vie végétale.

Des plantes qui n’ont pas froid aux feuilles !

S’il existait une palme d’or pour les plantes extrêmes, elle reviendrait sans aucun doute à la flore du littoral. Il est remarquable de constater une telle diversité floristique dans un milieu aussi austère. Les contraintes sont nombreuses : embruns permanents, vent violent, ensablement persistant, luminosité intense, substrat sec, salé et mobile… Ces plantes ont développé tout un armada physiologique pour survivre dans ce milieu d’apparence hostile. Leur épiderme est recouvert par une pellicule cireuse qui protège des embruns et le nombre de stomates (les pores de la feuille par lesquels s’effectuent les échanges gazeux) est considérablement réduit afin de limiter l’évaporation de l’eau. Comme les cactus du désert, leurs tiges sont épaisses et charnues et leurs tissus servent de réservoirs d’eau. La plante évite ainsi la concentration de sel dans ses cellules. Chez certaines graminées, les feuilles en forme de gouttières recueillent la condensation et savent s’ouvrir plus ou moins en fonction du degré de salinité et d’hygrométrie de l’air. Les plantes littorales sont également de taille réduite, voire de forme naine, par rapport aux espèces continentales pour échapper à l’emprise des bourrasques de vent. Enfin leurs appareils souterrains profonds permettent de s’ancrer solidement au sable et de les alimenter en eau (les racines atteignent pour certaines espèces trois mètres de profondeur, parfois davantage).

Les conditions micro-climatiques régnant sur le littoral, les caractéristiques du substrat (sec et chaud, souvent calcaire) font des ensembles dunaires des milieux très différents de ceux rencontrés à l’intérieur du pays (humidité, sols acides…). Les plantes qui y vivent sont très spécialisées et ne ressemblent en rien aux autres plantes évoluant à l’intérieur des terres. De part leurs spécificités uniques, les plantes des dunes ne se rencontrent que dans des milieux isolés et pour beaucoup menacés. La flore des dunes représente un  patrimoine naturel rare et précieux.

A chacune sa niche écologique

Chaque plante possède ses propres exigences biologiques pour vivre. Les espèces végétales se répartissent sur le littoral, de la plage vers la dune, selon les contraintes imposées par chaque zone spécifique. Cette répartition rend compte des nuances entre les besoins et les adaptations de chaque plante. Il est facile de distinguer 4 zones distinctes, caractérisée par quelques espèces végétales :

- la dune embryonnaire ou avant dune : il s’agit de la zone de contact plage-dune qui est fréquemment atteinte par l’eau salée. Il s’y développe une flore halo-nitrophile, c’est-à-dire supportant l’eau salée et exigeante en azote apporté par les laisses de mer en décomposition, à l’instar du cakilier maritime, présent en touffes éparses.

 

- la dune vive : c’est la partie de la dune où le sable est piégé par une végétation qui développe un système racinaire important. En pied de dune le chiendent des sables côtoie le liseron des dunes. Plus haut car il ne supporte pas l’eau salé, l’oyat en peuplement dense, est la plante caractéristique de la dune vive.

- la dune fixée : les apports de sable sont très faibles dans cette partie de la dune bien abritée du vent, mais où les conditions écologiques restent difficiles pour la végétation (aridité, embruns…). En limite avec la dune vive, on observe une zone à fétuques puis des pelouses rases. Ces pelouses montrent une très grande richesse floristique : jusqu’à 60 espèces sur quelques mètres carrés !

 - L’arrière dune ou dune  fourrée : l’influence de la mer est plus faible, les arbustes s’installent et forment des fourrés denses. Des dépressions d’eau douce et d’eau salée sont à l’origine d’une flore originale.

Un milieu dépendant de l’homme

La dune est un milieu naturel qui résulte d’un façonnage humain. Pour enrayer la progression du sable vers l’intérieur des terres et le recul de la frange littorale, l’homme a réussi à fixer les dépôts sableux en introduisant au milieu du XIXème siècle l’oyat, une plante vivace parfaitement adaptée aux conditions arides de la dune.

Homme, chevaux et lapins : des gestionnaires au service du littoral

L’abandon des pratiques traditionnelles de pâturage a entraîné l’embroussaillement des dunes. Les modifications progressives de la végétation démontrent que la dune est un milieu en constante évolution, dont l’ultime stade serait la forêt littorale. En l’absence d’activités humaines, les zones ouvertes se referment avec l’installation d’une végétation arbustive. Argousiers, troènes, aubépines et églantiers colonisent tout l’espace et étouffent un biotope où prospèrent des plantes uniques. En outre, l’accumulation inhabituelle de matières organiques modifie les propriétés du sol. Les fourrés menacent donc à court terme la diversité floristique du site. Largement décimé depuis 1954 par la myxomatose, le lapin reconquiert petit à petit le littoral. Lorsque ses effectifs sont restreints, ce sympathique herbivore joue un rôle prépondérant dans l’ouverture du milieu et représente sans le savoir un efficace protecteur de la flore des dunes !

La mission salvatrice du Conservatoire du Littoral

Le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres a pour mission de protéger de façon définitive les espaces naturels fragiles et menacés en bord de mer et sur les rives des grands lacs : landes, bois, marais, vasières, dunes, falaises, îles et îlots…Depuis sa création en 1975, le Conservatoire, établissement public d’état, a acquis près de 60 000 hectares, qui concernent environ 400 sites en bord de mer. Ils seront transmis intacts aux générations futures.

Quelques plantes remarquables que vous pouvez rencontrer sur le littoral

Le liseron des dunes (Calystegia soldanella)

Contrairement à son cousin le liseron des champs, le liseron des dunes n’envahit pas le milieu où il vit. Ce liseron s’établit sur les sables mobiles auxquels il s’accroche fermement. C’est une des plus belles plantes du littoral : ses grandes fleurs (4 à 5 cm de larges) ouvrent au soleil un pavillon rose rayé de blanc. Cette plante caractéristique de la dune mobile côtoie l’oyat et le chiendent des sables. Floraison de juin à septembre.

L’oyat (Ammophila arenaria)

Cette plante, qui ne tolère pas la présence de sel dans le sol, forme des communautés denses sur la dune mobile. Ses longues feuilles (60 cm de long) sont enroulées et piquantes au sommet, surmontées en été d’un plumeau de petits épillets verdâtres. Cet ami des sables (du latin ammo, sable et phila qui aime) résiste au déchaussement et à l’ensevelissement grâce ses rhizomes qui croissent verticalement pour donner de nouvelles pousses. Il agrandit ainsi son territoire et contribue activement à la fixation du sable. Pour ses qualités, l’oyat est utilisé pour restaurer les zones dunaires dégradées.

Le chardon bleu ou panicaut de mer (Eryngium maritimum)

Malgré son nom, le chardon bleu n’est pas un vrai chardon (famille des composées) mais un panicaut appartenant à la famille des ombellifères. C’est le symbole de la préservation de notre littoral et l’emblème du Conservatoire du littoral. Vivace et de taille moyenne, il pousse sur le dune vive où il supporte les embruns. Sa racine a des propriétés diurétiques, elle est comestible comme celle du panicaut champêtre. L’importance de ses épines est à l’origine de son nom : “ panicaut ” signifie en vieux français “ pain chaud ” et fait référence à la sensation de brûlure, lorsqu’on le saisit, comme un pain qui sort du four ! Sa jolie teinte bleutée le conduit à perte car il est malheureusement très apprécié pour la confection des bouquets secs. Cette plante qui se raréfie est désormais protégée en Bretagne.

La queue de lièvre (Lagurus ovatus)

Cette graminée annuelle est célèbre pour ses pompons soyeux.  Son inflorescence dense et de forme ovale est à l’origine de son nom : avec ses longs poils laineux, elle est douce comme une queue de lapin ou de lièvre. Cette espèce d’origine méridionale a conquis depuis une cinquantaine d’années tout le littoral français. Elle vit sur les pelouses dunaires fixées, les friches sèches et les bords des chemins, pour le bonheur des cueilleurs de bouquets secs ; en fin une plante non menacée et non interdite !

La giroflée des dunes (Matthiola sinuata)

Cette giroflée, à tige très feuillée dès la base, possède de grandes fleurs odorantes qui présentent le soir une belle couleur d’un pourpre violacé. Cette élégante espèce littorale porte le nom d’un médecin et botaniste italien du XVI ème siècle. De répartition irrégulière, elle est assez fréquente en Bretagne, assez rare sur le littoral aquitain et ne dépasse pas le rivage de la Basse-Normandie.

La rose pimprenelle (Rosa pimpinellifolia)

Cette églantine des dunes forme des petits buissons épineux atteignant 50 cm, mais souvent elle rampe sur le sable, épanouissant ses fleurs au ras du sol. Elle doit son nom à la forme de ses feuilles composées de cinq à onze folioles rappelant celles de le pimprenelle, de la famille des rosacées également mais vivant dans les prairies. Malmenées par le vent, les fleurs ne durent pas très longtemps : assez grandes (de 2 à 4 cm de diamètre), elles déploient cinq larges pétales blancs, un peu crème, odorant, autour d’un bouquet d’étamines jaunes les rendant très décoratives. Confinée sur la côte atlantique, elle a une répartition qui peut surprendre celui qui la rencontrera aux environs de 2000 mètres d’altitude, dans les Pyrénées par exemple.

Le sedum âcre (Sedum acre)

C’est une petite herbe rase qui forme des gazons ras et serrés. Lors de la floraison, ils constituent de véritables nappes dorées. Les feuilles grasses ont un goût particulièrement âcre (poivre des murailles). Elle est commune sur l’ensemble du littoral français, sur les rochers, les murs, les dunes fixées. Cet orpin brûlant, contrairement à certains orpins à saveur douce, peut être irritant et il est conseillé de ne pas la cueillir.

L’armérie maritime (Armeria maritima)

Encore appelé œillet ou gazon d’Olympe, cette gracieuse plante a depuis longtemps attiré l’attention. Très commune sur l’ensemble du territoire français, on la rencontre sur les rochers principalement, mais aussi sur les pelouses littorales et les vases salées. Comme pour le chardon bleu, elle a son homologue dans les hautes montagnes avec l’armérie des Alpes. C’est une herbe gazonnante formant des touffes arrondies de 5 à 30 cm de hauteur. Son nom serait dériver du breton “ Ar mor ”, la mer, évoquant son habitat maritime.

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