La biodiversité en Patagonie et en Terre de Feu
Tout comme le climat, la biodiversité est différente entre l’est et l’ouest de la Patagonie.
La Patagonie andine possède une végétation semblable à celle d’Ushuaia avec la présence abondante de Nothofagus, néanmoins ceux-ci sont développés différemment suivant leur exposition au vent : ceux situés à l’abri du vent sont plus grands et plus imposants que ceux exposés au vent qui sont beaucoup plus petits afin d’avoir une exposition au vent plus réduite.
La faune sud chilienne se caractérise par la présence de nombreux mammifères marins (lions de mer, éléphants de mer) et plus particulièrement de baleines franches qui mettent au monde leurs petits dans ces eaux moins froides que celles proches de l’Antarctique (courant de Humboldt). La présence de la gente ailée est forte (estimée à environ 435 espèces différentes répertoriées) avec des oiseaux allant du condor des Andes (emblème des Incas) au manchot de Magellan en passant par le cygne noir (emblème du Chili), le caracara, le pétrel ou l’ibis. On trouve également de nombreux mammifères terrestres : guanaco, puma, renards. Ces animaux peuvent vivre protégés de l’homme, dans cette région inhospitalière pour celui-ci.
La Patagonie argentine présente de hauts plateaux rocailleux qui s’étendent en gradins successifs vers les Andes. Dans cette région, la biodiversité est peu présente à la fois à cause du climat et du terrain. Néanmoins, on trouve quelques espèces florales tels que des plantes herbacées, des arbustes nains et des arbres rabougris. Les espèces animales sont très rares dans ces contrées cependant, on trouve des nandous, maras, vautours. La Patagonie renferme de nombreuses espèces animales terrestres, marines et volantes.
En Terre de Feu…
La végétation d’Ushuaïa et donc de la Terre de Feu est très diverse, avec de la mousse à la croissance lente produisant la tourbe. Les arbres appartiennent à la famille des Nothofagus comme les hêtres couvrant les vallées et les flancs de montagnes jusqu’à 600 m d’altitude formant d’épaisses forêts parfois impénétrables car le sol est jonché de branches et de troncs. Le climat étant toujours froid, le bois mort met des années à disparaître. Près des côtes, il y a d’autres arbres comme le notro, le canelo, la leña dura ou de petits arbustes tels que le calafate ou le michay.
Les animaux terrestres n’ont pas pu traverser les voies d’eau séparant les îles comme le puma et le lièvre que l’on ne trouve pas sur la Terre de Feu. L’unique grand animal terrestre est le guanaco, semblable à un lama. Les autres animaux terrestres sont le renard rouge, les loutres, les rats, mélangés à des espèces introduites par l’homme tels que le lapin, le renard gris, le vison, le rat musqué et le castor, ce dernier dévaste les forêts alentours, les rongeant et les inondant avec ses barrages.
Le courant froid des Malouines ou des îles Falkland permet à une importante faune marine de s’y installer tels que les baleines franches australes s’y reproduisant, les lions et les éléphants de mer ou les otaries. Les poissons y sont également forts présents : les truites introduites par l’homme dans les eaux douces ou les morues, les lieux, les mulets, les poissons de roche, les calamars, les oursins et les araignées de mer géantes (centolla). Les oiseaux représentent la faune la plus importante avec près de 197 espèces, les deux plus grands étant le condor et l’albatros hurleur, le plus petit étant le colibri.
A terre, on trouve le flamant rose, les perruches, les hiboux, les aigles, les faucons, les éperviers, les ibis et les martins-pêcheurs. Plus près de la mer se trouvent les huîtriers, les colonies de cormorans et de sternes, les skuas, les chionis, les manchots de Magellan et l’albatros à sourcil noir.
Les Hommes des origines :
Sur le territoire de l'actuelle Patagonie, les premières traces de peuplement humain remontent à environ 10.000 ans. Suivant la piste du gibier, ou fuyant de potentiels ennemis, la migration des Hommes, commencée en Asie, s'est achevée aux confins de la Terre, aux alentours du Cap Horn.
Les Hommes, ce sont les kaweskars (ou alakalufes), nomades de la mer qui au gré des saisons se déplaçaient le long de la côte Pacifique, du Golfe de Penas aux rives du Détroit de Magellan. Ils se nourrissaient de cholgas (moules géantes), oiseaux, phoques et autres baleines échouées sur la grève. Seuls les travaux de Joseph Lemperaire et de son épouse nous ont permis d'en savoir un peu plus sur ces marins d'un autre âge. Les quelques kaweskars survivants sont aujourd'hui reclus sur l'île Wellington, à Puerto Eden, ensemble chaotique de baraques en tôle perdu dans la brume australe.
Les Hommes, ce sont aussi les yamanas (ou yaghanes) qui, comme leurs voisins du nord ouest se déplaçaient sur l'eau, au sud de la Terre de Feu, jusqu'au Cap Horn, essaimant ça et là les conchales, restes des festins de cholgas et autres coquillages. A Ukika, près de la base navale de Puerto Williams (au nord de l'île Navarino), vivent encore quelques métis de yamanas et de chilotes (habitants de l'île de Chiloe, à 1500 km au nord, sur la côte Pacifique). Puis, sur le quai de Puerto Williams, il y a cette vieille femme qui vend des miniatures de canots traditionnels; elle est, dit-on, la dernière représentante des yamanas.
Enfin, les Hommes ce sont les onas (ou selknam) et les tehuelches (ou aonikenk, ou ...patagons). Les premiers nomadisaient la steppe fuégienne, les seconds la steppe méridionale de l'actuelle Argentine, chassant guanacos, ñandus et les "guanacos blancs" (moutons) importés par les européens. En 1996, la Prensa Austral (quotidien régional de Punta Arenas) publiait un article qui résumait en quelques lignes le destin de la dernière représentante ona: "retour à la terre natale après vingt années d'exil à Buenos Aires ; mariée et sans enfants..." Quant au "dernier des patagons", il a disparu depuis longtemps dans le flot du métissage.
Durant des millénaires, ces hommes du paléolithique auront survécu dans un environnement aussi rude que le climat, vêtus simplement de peaux de guanaco ou le corps enduit de graisse de phoque, armés de lances, d'arcs et de harpons. Un siècle de contacts suivis avec les Blancs suffira à anéantir des hommes, des cultures, des langues dont nous savons peu de choses.
Une civilisation originale :
La Pampa mise en valeur au XIXe siècle a permis la fondation d'une société pastorale très particulière, qui a presque disparu. Les gauchos à cheval qui exploitent l'immense troupeau bovin de la Pampa furent immortalisés par l'écrivain José Hernández dans son épopée gauchesque Martín Fierro. Cette civilisation du cheval et du cuir commença à s'éteindre vers 1900, tout comme sa soeur d'Amérique du Nord, mais a profondément marqué l'âme du pays. Le gaucho argentin, pasteur semi-nomade épris de liberté, est désormais souvent un travailleur agricole au sein d'un monde rural mécanisé et industrialisé dans la majeure partie du pays. En Patagonie et en Terre de Feu, on trouve pourtant toujours des gauchos libres comme le vent, se déplaçant sur leurs terres au gré de leurs troupeaux.
Les expéditions scientifiques :
Aux XVII° et XIX° siècles arrivent les voyages d'exploration scientifique, dont ceux de Louis Antoine de Bougainville (1764 et 1766-1768), James Cook (1768-1771 et 1775), et Jules Dumont d'Urville (1837-1840). Le plus connu étant celui qu'effectuera le jeune Charles Darwin à bord du HMS Beagle entre 1832 et 1834. Commandé par le capitaine Fitz Roy, le Beagle avait entre autres missions le relevé hydrographique des côtes de Patagonie. Le Beagle a laissé son nom au canal que borde la côte sud de la Terre de Feu, tandis que Mr Fitz Roy a laissé son nom à l'un des sommets andins les plus connus.